DĂ©couvrezsur photographique de Daniel Arasse - ThĂ©ories et pratiques d'un regard par Pauline Martin - Éditeur Fage Editions - Librairie Decitre
Quelle pertinence conserve aujourd’hui la notion de terreur? Ce dossier, dirigĂ© par FrĂ©dĂ©rique Leichter-Flack et Philippe Zard, mĂšne l’enquĂȘte en examinant, dans une perspective pluridisciplinaire, les ruptures, inflĂ©chissements et Ă©volutions observables depuis la RĂ©volution française jusqu’à nos jours. Ce dossier a d’abord Ă©tĂ© publiĂ© dans Raison publique, n°16, printemps 2012. Les imaginaires de la Terreur la rĂ©fĂ©rence implicite au titre du livre de Daniel Arasse La Guillotine ou l’imaginaire de la Terreur indique Ă  la fois l’esprit dans lequel s’inscrit ce dossier et les Ă©largissements qu’il voudrait inviter Ă  opĂ©rer. L’un des enjeux est prĂ©cisĂ©ment d’examiner la pertinence d’une catĂ©gorie qui fait parfois dĂ©bat, en ce qu’elle fait fond Ă  la fois sur un dispositif juridico-politique coercition, violence de masse et une phĂ©nomĂ©nologie des Ă©motions collectives la peur, l’effroi, en ce qu’elle fut tantĂŽt le nom d’un mode d’exercice du pouvoir revendiquĂ© par ses exĂ©cutants la Terreur Ă  l’ordre du jour », tantĂŽt la caractĂ©risation infamante au regard des normes dĂ©mocratiques de rĂ©gimes tyranniques Terreur stalinienne, nazie, khmĂšre, tantĂŽt encore la qualification polĂ©mique d’actions violentes destinĂ©es Ă  dĂ©stabiliser les pouvoirs en place Terreur » au sens de terrorisme ». Quoi de commun Ă  ces diffĂ©rents usages ? Quel continuum sĂ©mantique et politique ? Mais aussi quels inflĂ©chissements, Ă©volutions, ruptures, variantes culturelles, politiques, esthĂ©tiques se laissent percevoir entre ces diffĂ©rents Ăąges ou avatars de la Terreur ? Quelle gĂ©nĂ©alogie peut-on retracer entre les diffĂ©rents phĂ©nomĂšnes et les diffĂ©rents moments auxquels le discours critique associe le terme de Terreur ? La Terreur dont il est question ici inclut donc le moment jacobin mais ne s’y limite pas, et la rĂ©flexion s’étendra d’emblĂ©e Ă  la Terreur soviĂ©tique, sans prĂ©judice d’autres extensions historiques – en amont ou en aval. En tant qu’elle met en jeu Ă  la fois une histoire et des images, les faits et leurs interprĂ©tations, la Terreur implique une approche rĂ©solument pluridisciplinaire au croisement de l’histoire, des sciences politiques, de la littĂ©rature et de l’art – et un comparatisme maĂźtrisĂ©. Plusieurs pistes de rĂ©flexion peuvent ainsi ĂȘtre dĂ©gagĂ©es. La premiĂšre consiste Ă  interroger la Terreur » telle que la conceptualisent les sciences politiques, Ă  l’épreuve des traces qu’en offre la littĂ©rature. Peut-on parler d’une culture de la Terreur » comme on parle d’une culture de guerre » ? La Terreur peut-elle valoir comme clĂ© d’interprĂ©tation historique et psychologique du totalitarisme ? Que nous dit-elle sur la question du rapport Ă  la loi, au pouvoir, sur la question de l’obĂ©issance et du consentement ? Quel Ă©clairage peut apporter la littĂ©rature de tĂ©moignage et de fiction aux sciences politiques et Ă  l’histoire ? Qu’en est-il du rapport entre la culture entendue comme la sphĂšre de l’esprit, de la littĂ©rature et des arts et la Terreur que veut, que vaut et que peut-elle dans la Terreur ? Et quel rĂŽle spĂ©cifique tiennent l’art et la littĂ©rature dans la constitution d’une mĂ©moire ou des reprĂ©sentations de la Terreur ? La deuxiĂšme orientation de ce questionnement sollicite l’analyse comparĂ©e des rhĂ©toriques et des idĂ©ologies de la Terreur la question du salut public », le registre du sacrĂ© voire de l’eschatologie, les mĂ©taphores organicistes le rĂȘve d’unitĂ© ou mĂ©dicales la chirurgie sociale, la purification, le nettoyage, le recours aux mythes fondateurs, le rapport Ă  la science, la question de la vertu » et du sublime », tout cela se retrouve d’une Terreur Ă  l’autre. À l’arriĂšre-plan de cette analyse figure la question des fins politiques et morales de la Terreur, violence exercĂ©e au nom d’une idĂ©e du Bien absolu. Comment dĂšs lors faire la part entre les Ă©tudes historiques et les réélaborations littĂ©raires ou artistiques – et, au sein mĂȘme de ces derniĂšres, distinguer entre la signification collective des Ɠuvres leur exemplaritĂ© et les voies inĂ©dites altĂ©rations, paradoxes, provocations frayĂ©es par les Ɠuvres singuliĂšres ? La troisiĂšme orientation concerne les narratifs » de la Terreur. On connaĂźt l’importance des jeux de miroir d’une Terreur Ă  l’autre, mais sont-ils repĂ©rables sur le moment et en contexte ou n’apparaissent-ils qu’au moyen d’une Ă©tude rĂ©trospective et Ă  distance des Ă©pisodes vĂ©cus ? Comment le prĂ©cĂ©dent de la Terreur jacobine a-t-il ainsi Ă©tĂ© rĂ©investi tĂ©lĂ©ologiquement dans les rĂ©cits de la Terreur stalinienne ? Les diffĂ©rentes formes de mises en scĂšne » et de mises en rĂ©cit » des Ă©pisodes de Terreur insistent sur des emblĂšmes ou motifs clĂ©s – guillotine, tribunal, motifs de l’innocence persĂ©cutĂ©e, disparitions » et camps – qui demandent Ă  ĂȘtre analysĂ©s dans leur axiologie explicite ou implicite orientation militante, apologĂ©tique ou dĂ©nonciatrice et leur intention de signification repĂ©rable ou non. La question du point de vue adoptĂ© comment et d’oĂč raconter la Terreur ? soulĂšve la question essentielle du tĂ©moignage et de ses enjeux gĂ©nĂ©riques, mais aussi celle des rapports entre fiction et histoire
 Une part importante de la rĂ©flexion portera Ă©videmment sur la spĂ©cificitĂ© du travail littĂ©raire mais aussi dramatique et cinĂ©matographique de reprĂ©sentation de la Terreur, Ă  travers des modalitĂ©s figuratives insistantes – travail sur la temporalitĂ© et la [dĂ©]contextualisation, recours au carnavalesque, au mĂ©lodrame – ou des personnages clĂ©s Marat, Robespierre, Staline ou Trotski. Comment la littĂ©rature et le cinĂ©ma s’invitent-ils dans ce dĂ©bat politique et historique ? Les articles prĂ©sentĂ©s ici reprennent les interventions proposĂ©es lors de la journĂ©e d’étude organisĂ©e Ă  l’UniversitĂ© de Paris ouest Nanterre le 8 avril 2011. Ils ouvrent une premiĂšre sĂ©rie de pistes de rĂ©flexion, qu’il faudrait prolonger dans la perspective de l’effort de comparatisme transdisciplinaire ici nĂ©cessaire. Comment mesurer, se demande Luba Jurgenson, l’impact des pratiques politiques de Terreur, non seulement sur le corps social qui en est la cible collective, mais sur les consciences singuliĂšres des individus qui le composent et sentent confusĂ©ment que tĂŽt ou tard, ils peuvent se retrouver Ă  leur tour du cĂŽtĂ© des victimes ? C’est en s’interrogeant sur la visibilitĂ© des mĂ©canismes de rĂ©pression dans le contexte de la grande Terreur soviĂ©tique que Luba Jurgenson en vient Ă  enquĂȘter sur les outils de mesure des perceptions individuelles de la Terreur. Le journal tenu par un garde de camp de travail dans les annĂ©es 1935-1936 lui offre un terrain d’enquĂȘte idĂ©al pour cerner la mise en Ɠuvre de dispositifs narratifs hĂ©tĂ©rogĂšnes prenant en charge, dans leur facture esthĂ©tique mĂȘme, les incohĂ©rences idĂ©ologiques et les apories psychologiques Ă©prouvĂ©es par un sujet qui, confrontĂ© Ă  la terreur dans son quotidien, ne sait plus oĂč est sa place dans la guerre de dĂ©placement perpĂ©tuel entre le nous » du peuple et le ils » ennemi. Que fait-on de la Terreur quand on l’a traversĂ©e, peut-on mĂȘme en dire quoi que ce soit pour l’avoir Ă©prouvĂ©e ? Toujours dans le contexte soviĂ©tique, Annie Epelboin aborde la question en traquant la maniĂšre dont la mĂ©moire individuelle et familiale, les mĂ©moires enchevĂȘtrĂ©es des diffĂ©rents moments de Terreur, ont Ă©tĂ© recouvertes par les commĂ©morations officielles réécrivant le passĂ©. Y a-t-il dans cette expĂ©rience quelque chose qui peut se transmettre, se mettre en rĂ©cit autrement que dans une mĂ©moire terrifiĂ©e qui, loin de clarifier l’expĂ©rience extrĂȘme vĂ©cue ou de rĂ©parer les blessures du corps social malmenĂ©, ne peut que contaminer les gĂ©nĂ©rations ultĂ©rieures ? Cette mĂ©moire terrifiĂ©e, cette transmission empĂȘchĂ©e, sont peut-ĂȘtre, suggĂšre Annie Epelboin, Ă  la source mĂȘme de la confusion des valeurs que le diagnostic de la sociĂ©tĂ© russe actuelle Ă©voque. Catherine Coquio dĂ©place le questionnement en attirant l’attention sur ce pan encore mal connu de la rĂ©flexion sur le tĂ©moignage au XXe siĂšcle qu’est la littĂ©rature sur le gĂ©nocide armĂ©nien. Elle propose ainsi de recourir Ă  la notion de Terreur pour dĂ©crire, non un phĂ©nomĂšne de coercition politique, mais ce sentiment mĂȘlant effroi et sidĂ©ration, qu’ont Ă©prouvĂ© deux Ă©crivains armĂ©niens rĂ©cemment traduits en français, Zabel Essayan et Hagop Oshagan, au moment oĂč ils tentaient de rendre compte, avec les moyens de la littĂ©rature, de la destruction gĂ©nocidaire ou de ses prĂ©misses. A distance ou dans l’ombre immĂ©diate des massacres prĂ©curseurs, comment tĂ©moigner de cet illimitĂ©, de cet insensĂ©, qu’est l’intention de destruction gĂ©nocidaire ? Comment mobiliser l’imagination au sujet de la Terreur sans y succomber ? Enfin, toute mise en scĂšne d’un Ă©pisode de Terreur par les moyens de la littĂ©rature ou du cinĂ©ma, engage une portĂ©e idĂ©ologique et politique. La premiĂšre Terreur, celle de 1793, entraĂźne dans son sillage toute une sĂ©rie de reprĂ©sentations dont nous sommes les hĂ©ritiers. GĂ©rard Gengembre propose ainsi un aperçu suggestif du roman contre-rĂ©volutionnaire », depuis la floraison des romans vendĂ©ens » jusqu’à Anatole France. La position devant la Terreur traverse les familles politiques rĂ©actionnaire ou progressiste, monarchiste ou rĂ©publicain, le roman de la Terreur oscille entre la fascination pour le tragique rĂ©volutionnaire et l’analyse des mĂ©canismes de l’enthousiasme terroriste. L’empan est suffisamment large pour faire soupçonner bien plus qu’une rĂ©flexion sur les techniques de gouvernement toute narration de la Terreur est une plongĂ©e dans les entrailles de la RĂ©publique, raison et sentiment mĂȘlĂ©s, et devient mise en question de ses fondements idĂ©ologiques, de sa matiĂšre Ă©motionnelle et de ses visĂ©es politiques, comme le montre Ă  l’évidence l’étude d’Antoine de Baecque sur les reprĂ©sentations de Robespierre – assurĂ©ment la figure la plus clivante » de la culture politique française. Antoine de Baecque commence par souligner l’existence, au théùtre, d’une tradition apologĂ©tique, voire hagiographique – qui fait de l’Incorruptible » le martyr fondateur de la RĂ©publique –, avant de s’arrĂȘter sur les reprĂ©sentations cinĂ©matographiques du personnage – plus influencĂ©es, Ă  quelques notables exceptions prĂšs, par sa lĂ©gende noire Griffith, Gance, Mann
. L’étude permet d’entrevoir quelques constantes. La premiĂšre tient au travail de stylisation – c’est-Ă -dire de simplification – qu’opĂšrent la plupart des Ɠuvres, en escamotant le plus souvent la complexitĂ© de l’histoire privilĂ©giant le Robespierre doctrinaire plutĂŽt que l’homme d’État pragmatique ou encore le recours Ă  l’antithĂšse Danton/Robespierre, avec ses allures de thĂ©omachie. L’étude des reprĂ©sentations filmiques fait Ă©merger la question du corps et donc de la figurabilitĂ© de la Terreur. Il est d’ailleurs singulier que les deux principales incarnations de la Terreur soient des corps problĂ©matiques le non-corps de Robespierre et le corps souffrant de Marat – par opposition au corps hypervirilisĂ© de Danton. Il y va ici de l’interprĂ©tation du sublime » de la Terreur, selon que celle-ci est vue comme la soumission ascĂ©tique Ă  l’ordre de l’esprit ou, Ă  l’inverse, comme une pathologie politique qu’emblĂ©matiserait le corps suppliciĂ© de Robespierre. Sommaire– La grande Terreur vue au travers d’un journal intime », par Luba Jurgenson– MĂ©moire de la terreur, mĂ©moire terrorisĂ©e », par Annie Epelboin– La terreur d’imaginer Zabel Essayan, Hagop Oshagan », par Catherine Coquio– Le roman contre-rĂ©volutionnaire de Balzac Ă  Anatole France quelques remarques sur la mise en fiction de la Terreur », par GĂ©rard Gengembre– Robespierre au cinĂ©ma », par Antoine de Baecque A propos de... FrĂ©dĂ©rique Leichter-Flack FrĂ©dĂ©rique Leichter-Flack est ancienne Ă©lĂšve de l’ENS Ulm, agrĂ©gĂ©e de lettres modernes, docteure en littĂ©rature comparĂ©e, Professeure des UniversitĂ©s en LittĂ©rature Ă  SciencesPo Centre d'Histoire de SciencesPo. A propos de... Philippe Zard Ancien Ă©lĂšve de l’ENS de Saint-Cloud, Philippe Zard est agrĂ©gĂ© de lettres modernes, docteur en littĂ©rature comparĂ©e, professeur de littĂ©rature comparĂ©e Ă  l’universitĂ© Paris ouest Nanterre la DĂ©fense Centre de recherches littĂ©rature et poĂ©tique comparĂ©es ».
Laguillotine et l'imaginaire de la Terreur de Daniel Arasse - Collection Champs - Livraison gratuite Ă  0,01€ dĂšs 35€ d'achat - Librairie Decitre votre prochain livre est lĂ  Apparemment, javascript est dĂ©sactivĂ© sur votre navigateur.
Accueil DĂ©couvrez toutes nos Ă©tudes Thermidor et l'imaginaire de la Terreur Les Formes acerbes. Acte de Justice du 9 au 10 thermidor Le triomphe de la guillotine. Les Formes acerbes. Date de crĂ©ation 1795 Date reprĂ©sentĂ©e 1793-1794 H. 33,6 cm L. 37,8 cm eau-forte. D'aprĂšs un dessin de Louis LAFITTE 1770-1828 Acte de Justice du 9 au 10 thermidor Date de crĂ©ation 1794 Date reprĂ©sentĂ©e 27 juillet 1794 SĂ©rie Caricatures rĂ©volutionnaires, 1794-1802. Eau-forte, aquatinte Le triomphe de la guillotine. Huile sur papier, marouflĂ©. Esquisse pour le tableau du musĂ©e de l'Ermitage . Date de publication Janvier 2009 Auteur Mehdi KORCHANE AprĂšs la mort du roi le 21 janvier 1793, la jeune RĂ©publique française a dĂ» faire face Ă  de multiples offensives royalistes et contre-rĂ©volutionnaires, Ă  l’intĂ©rieur comme Ă  l’extĂ©rieur des frontiĂšres. Pour Ă©tablir l’unitĂ© politique nationale indispensable Ă  la prĂ©servation des acquis de la RĂ©volution et Ă  sa victoire contre les coalisĂ©s, la Convention a instaurĂ© une politique de contrĂŽle du territoire, assortie de mesures d’exception, rĂ©pressives et punitives. Durant les seize mois que dura la Terreur – de la crĂ©ation du Tribunal rĂ©volutionnaire 10 mars 1793 Ă  la chute de Robespierre 27 juillet 1794 –, la peur est devenue un moyen de gouvernement ; la rĂ©duction des libertĂ©s individuelles et la violence ont constituĂ© le rĂ©gime ordinaire des Français. Tout au long de cette pĂ©riode, les citoyens ont gardĂ© le silence et retenu leur souffle. Ils ont tu la terreur » que la menace des visites domiciliaires, des dĂ©nonciations abusives et l’ombre de la guillotine faisaient peser sur les familles. La chute de Robespierre et de ses fidĂšles, le 9 thermidor an II, leur rend la parole. Les procĂšs des chevaliers de la guillotine » qui se succĂšdent en sĂ©rie sont le théùtre expiatoire oĂč se reprĂ©sente le spectacle des exactions commises par les terroristes et leurs agents. Mais la Terreur sĂ©crĂšte aussi un imaginaire fantasmatique que les contemporains peinent Ă  dissocier de la rĂ©alitĂ©. La mĂ©moire collective, parasitĂ©e par les rumeurs et les histoires terrifiantes, accroĂźt l’horreur du rĂšgne de Robespierre au point de crĂ©er un immense poĂšme dantesque qui, de cercle en cercle, fit redescendre la France dans ces enfers encore mal connus de ceux-lĂ  mĂȘme [sic] qui les avaient traversĂ©s. On revit, on parcourut ces lugubres rĂ©gions, ce grand dĂ©sert de terreur, un monde de ruines, de spectres » Jules Michelet, Histoire du XIXe siĂšcle, 1874. Cette catharsis a gĂ©nĂ©rĂ© une littĂ©rature et une imagerie infernales hantĂ©es par des acteurs politiques devenus bourreaux, tigres et vampires. La gravure exĂ©cutĂ©e par Normand d’aprĂšs un dessin de Louis Lafitte offre, sur un mode allĂ©gorique, l’image sans doute la plus sophistiquĂ©e du mythe du jacobin cannibale. Elle a Ă©tĂ© commanditĂ©e par un magistrat de Dunkerque dĂ©nommĂ© Poirier, pour se venger de Joseph Le Bon et attiser le sentiment d’horreur qu’ont suscitĂ© les crimes que ce Conventionnel aurait ordonnĂ©s lors de sa mission dans le Pas-de-Calais sous la Terreur. Comme l’indique la lĂ©gende, celui-ci est postĂ© entre les deux guillotines d’Arras et de Cambray [Cambrai], tenant deux calices dans lesquels il reçoit d’une main et s’abreuve de l’autre du sang de ses nombreuses victimes ». À sa gauche, deux furies dignes compagnes de ce cannibale animent des animaux moins fĂ©roces qu’elles, Ă  dĂ©vorer les restes des malheureuses qu’elles ne peuvent plus tourmenter ; de l’autre sont nombre de dĂ©tenus de l’un et l’autre sexe, avancĂ©s sur le bord du prĂ©cipice, tendant les mains au ciel, oĂč ils aperçoivent la Convention Nationale, Ă  qui la justice dĂ©voile la vĂ©ritĂ© ». Le Bon s’était d’autant plus perdu aux yeux de l’opinion que la cruautĂ© dont il fit preuve aprĂšs la victoire rĂ©publicaine de Fleurus, le 26 juin 1794, contrastait avec la modĂ©ration qu’il avait dĂ©montrĂ©e au cours de sa carriĂšre politique. Il est ainsi devenu, aprĂšs le 9 Thermidor et avec Robespierre, le symbole d’un rĂ©gime sanguinaire. DĂ©noncĂ© Ă  la Convention en juillet 1794, il fut dĂ©fendu par BarĂšre, qui concĂ©da que l’action de l’inculpĂ© avait pris des formes acerbes ». L’estampe ainsi intitulĂ©e fut publiĂ©e le 13 mai 1795, une semaine aprĂšs la nomination d’une commission chargĂ©e d’examiner la conduite passĂ©e de Le Bon. Traduit devant le tribunal criminel de la Somme le 17 juillet de la mĂȘme annĂ©e, il fut condamnĂ© Ă  mort et exĂ©cutĂ© le 16 octobre Ă  Amiens. La gravure Les Formes acerbes se distingue par sa grande qualitĂ© d’exĂ©cution, par une composition rigoureuse, une gestuelle expressive et des anatomies rondement dessinĂ©es. L’Acte de Justice du 9 au 10 Thermidor gravĂ© par Viller n’est pas moins Ă©laborĂ©, mais son efficacitĂ© tient Ă  des effets opposĂ©s Ă  ceux de Lafitte. Deux gorgones au corps disgracieux s’acheminent vers un autel en forme d’ossuaire enflammĂ© ; elles ont saisi des tĂȘtes coupĂ©es, parmi celles qu’un dĂ©mon dĂ©verse dans leur antre infernal ce sont celles des tyrans », prĂ©cipitĂ©s dans les enfers par la mĂȘme justice sommaire qu’ils ont instaurĂ©e. Le dessin ignoble » et irrĂ©gulier des figures vise Ă  susciter l’horreur, de mĂȘme que le lieu, rendu chaotique par la fumĂ©e, les tĂ©nĂšbres et les fosses emplies de cadavres. L’exĂ©cution rapide de la gravure est propre Ă  une production d’images populaires destinĂ©es aux Ă©tals des marchands. Le Triomphe de la guillotine peint d’aprĂšs un tableau attribuĂ© Ă  Nicolas Antoine Taunay et conservĂ© au musĂ©e de l’Ermitage inscrit les personnages, institutions et exactions de la Terreur dans un lieu apocalyptique. En haut de la composition une horde d’artistes lyriques et de poĂštes jacobins, conduite par David il tient une palette et un chevalet, traverse un nuage de fumĂ©e au milieu des Ă©clairs. À mi-hauteur Ă  droite siĂšge le Tribunal rĂ©volutionnaire. Une montagne surmontĂ©e d’une guillotine se dĂ©tachant sur un fond embrasĂ© lui fait face. En bas, un cortĂšge envahit l’espace par la droite Robespierre et Saint-Just y sont portĂ©s en triomphe, prĂ©cĂ©dĂ©s de Marat, traĂźnĂ© dans sa baignoire. Des scĂšnes de tuerie et de cannibalisme se dĂ©ploient au premier plan. Cette dĂ©bauche effraie jusqu’aux dĂ©mons de l’Enfer qui s’enfuient Ă  gauche, abandonnant leurs abĂźmes enflammĂ©s Ă  ces envahisseurs. Le peintre exploite un langage iconique trĂšs circonstanciĂ© et un imaginaire dĂ©moniaque qui renvoient tous deux Ă  l’art de JĂ©rĂŽme Bosch. La scĂ©nographie accidentĂ©e rappelle les fantasmagories et autres spectacles pyrotechniques produits sous la RĂ©volution. Enfin, ce Triomphe de mascarade est dĂ©peint sur un mode satirique qui tient Ă  la fois du pamphlet et du théùtre populaire il peut ĂȘtre rapprochĂ© de piĂšces telles que Les Jacobins en enfer d’Hector Chaussier, jouĂ©e au théùtre des VariĂ©tĂ©s amusantes le 2 germinal an III 22 mars 1795. L’imaginaire terrifiant et le fantasme surgissent dĂšs lors que la dĂ©raison semble imprimer son cours Ă  l’histoire. Incapable de conceptualiser la RĂ©volution, le philosophe et parlementaire anglais Edmund Burke n’avait pas trouvĂ© d’autres images que celles du roman noir pour reprĂ©senter le cataclysme politique qui Ă©branlait la monarchie française en 1790 De la tombe de ce cadavre de la monarchie, nous avons vu s’élever un immense, Ă©pouvantable spectre, avec un appareil mille fois plus terrible que ce qui jamais effraya l’imagination ou subjugua le courage de l’homme. Insensible au remords, inaccessible Ă  la crainte, ce fantĂŽme hideux s’avance, en dĂ©vorant l’espace, droit au but qu’il s’est fixĂ© » RĂ©flexions sur la RĂ©volution de France, 1790. Au lendemain du 9 Thermidor, il ne fait aucun doute que la fiction a rattrapĂ© la rĂ©alitĂ© ; les clichĂ©s du roman gothique – nĂ© outre-Manche et promis Ă  un grand succĂšs en France – s’enracinent d’autant plus dans la culture thermidorienne que son imaginaire macabre a fait une irruption violente dans la vie publique au cours de la Terreur. Au travers de la satire, du rĂ©cit terrifiant ou compassionnel, c’est une histoire rĂ©visĂ©e de la RĂ©volution que réécrit la mĂ©moire collective, encore sous l’emprise d’une Ă©motivitĂ© Ă  fleur de peau. Mais l’irrationnel qui la caractĂ©rise n’est cependant pas nĂ©cessairement le signe d’un retournement de l’opinion et d’une hostilitĂ© croissante Ă  l’égard de la RĂ©volution, il s’explique plutĂŽt par l’incapacitĂ© Ă  trouver du sens Ă  la Terreur. Ce problĂšme sera finalement rĂ©solu en assimilant ce tragique intermĂšde Ă  une contre-rĂ©volution. Ça a Ă©tĂ© l’exercice d’une tyrannie farouche et sanglante, et non un abus ou un accĂšs de la libertĂ© », rĂ©sumera Roederer en 1799. Daniel ARASSE, La Guillotine et l’imaginaire de la Terreur, Paris, Flammarion, 1987. Bronislaw BACZKO, Comment sortir de la Terreur. Thermidor et la RĂ©volution, Paris, Gallimard, 1989. Antoine de BAECQUE, La Gloire et l’effroi. Sept morts sous la Terreur, Paris, Grasset, 1997. Mehdi KORCHANE, Thermidor et l'imaginaire de la Terreur », Histoire par l'image [en ligne], consultĂ© le 23/08/2022. URL Albums liĂ©s DĂ©couvrez nos Ă©tudes
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\n \n daniel arasse la guillotine et l imaginaire de la terreur
LaGuillotine Et L'imaginaire De La Terreur - daniel arasse / Livres Histoire de France RĂ©volution Française. Collection: CHAMPS ; Format: Poche ; Occasion dĂšs 6,90 € Voir le produit. Vendez le vĂŽtre. Coffret 2 Volumes : Histoires De Peintures- On N'y Voit Rien - daniel arasse / Livres Écrits sur l'art Écrits sur l'art. Collection: Folio. Essais ; Format: Coffret ; Occasion dĂšs Accueil DĂ©couvrez toutes nos Ă©tudes A la lanterne ! Discours de la Lanterne aux Parisiens. Pendaison de Joseph-François Foulon Ă  l'angle de la rue du Mouton et de la place de GrĂšve, le 22 juillet 1789 Le GĂ©nĂ©ral Dalton poursuivi par les rĂ©verbĂšres patriotiques. Louis XVI et Marie-Antoinette Ă  la lanterne. Discours de la Lanterne aux Parisiens. Date de crĂ©ation 1789 Date reprĂ©sentĂ©e 1789 Discours de la lanterne aux parisiens, le Procureur GĂ©nĂ©ral portant la du Discours de la Lanterne aux Parisiens par Camille Desmoulins. Pendaison de Joseph-François Foulon Ă  l'angle de la rue du Mouton et de la place de GrĂšve, le 22 juillet 1789 Date de crĂ©ation 1789 Date reprĂ©sentĂ©e 22 juillet 1789 Dessinateur Jean-Louis Prieur. Graveur Pierre-Gabriel Berthault. SĂ©rie des Tableaux historiques de la RĂ©volution française 21e tableau. Le GĂ©nĂ©ral Dalton poursuivi par les rĂ©verbĂšres patriotiques. Date de crĂ©ation 1790 Date reprĂ©sentĂ©e 1790 PubliĂ© dans RĂ©volutions de France et de Brabant Tome 2 p 48 v° N° 15 Louis XVI et Marie-Antoinette Ă  la lanterne. Le Traitre Louis XVI, gravure, chez Villeneuve H. 25,5 x L. 19,5 cm Sur le rĂ©verbĂšre Cette suspension vaut bien une dĂ©chĂ©ance. En titre et lĂ©gende Le Traitre Louis XVI voĂŒe au mĂ©pris et a l'Ă©xĂ©cration de la nation française dans sa posteritĂ© la plus reculĂ©e le 10 aoust 1792 Ă©toit encore plus affreux que le 24 aoust 1572, et Louis XVI, bien autrement monstre que Charles IX... La PanthĂšre autrichienne, gravure, chez Villeneuve H. 29 x L. 20 cm La PanthĂšre autrichienne vouĂ© au mĂ©pris et Ă  l'exĂ©cration de la nation française dans sa postĂ©ritĂ© la plus reculĂ©e cette affreuse Messaline, fruit dr'un des plus licencieux concubinage, est composĂ©e de matiĂšre hĂ©tĂ©rogĂšne, fabriquĂ©e de plusieurs races, en partie lorraine, allemande, autrichienne, bohĂȘmienne, etc. © PhotothĂšque des MusĂ©es de la Ville de Paris - Louis XVI ClichĂ© Lafermann / Marie-Antoinnette ClichĂ© Ladet G 623065 / G 623064 Date de publication mai 2005 Auteur Luce-Marie ALBIGÈS La montĂ©e de la violence en juillet 1789 Le renvoi de Necker par le roi, en juillet 1789, apparaĂźt dans le contexte angoissĂ© et agitĂ© de la capitale comme le signal de la banqueroute et de la contre-rĂ©volution. Il suscite la prise de la Bastille, le 14 juillet. Mais la Bastille n’est pas l’enjeu capital de la bataille. Les troubles gĂ©nĂ©ralisĂ©s rĂ©vĂšlent autant la menace vitale Ă©prouvĂ©e par la communautĂ© pour son existence que l’affaiblissement de l’État car, jusqu’ici, sa puissance s’affirmait par sa capacitĂ© Ă  s’assurer du monopole de l’exercice de la violence. RenaĂźt alors une archaĂŻque tradition du massacre ; il suffit que circule une rumeur de complot, imaginaire ou rĂ©el, et la foule s’enflamme pour punir les coupables », de façon prĂ©ventive. Le 22 juillet, Foulon de DouĂ©, qui a remplacĂ© Necker aux Finances, et l’intendant de Paris Bertier de Sauvigny, son gendre, sont recherchĂ©s, lynchĂ©s et pendus par la foule Ă  une lanterne place de GrĂšve, car ils passent pour les agents d’une politique contre-rĂ©volutionnaire. Des pamphlets anonymes attisent ces mouvements populaires et poussent Ă  une justice expĂ©ditive. La terreur qui se rĂ©pand est due aux foules, mais n’est pas encore Ă  cette date le fait des militants rĂ©volutionnaires. L’AssemblĂ©e constituante, bien loin d’entrer dans les vues du peuple, agit comme un frein aux exactions. C’est seulement Ă  partir du dĂ©but de 1791 que cette pratique populaire sera reprise par les Ă©chelons infĂ©rieurs du pouvoir, qui s’en approprieront les mĂ©thodes pour briser les oppositions. La lanterne, symbole de la justice populaire Discours de la Lanterne aux Parisiens Camille Desmoulins 1760-1794, qui a appelĂ© Ă  l’insurrection du 12 juillet 1789 au Palais-Royal, relance sa popularitĂ© grĂące au Discours de la Lanterne aux Parisiens, pamphlet paru peu aprĂšs l’exĂ©cution sommaire de Foulon et de Bertier de Sauvigny 22 juillet. DĂšs la premiĂšre page, une gravure le met en scĂšne sous le surnom de Procureur GĂ©nĂ©ral de la Lanterne ». EntourĂ© d’un auditoire attentif et paisible de Parisiens de toutes conditions, il s’adresse Ă  cette fatale lanterne. SituĂ©e sur la place de GrĂšve, en face de l’HĂŽtel de Ville, elle est simplement placĂ©e au-dessus d’un buste de Louis XIV, Ă  l’angle d’une boutique d’épicier-droguiste, fabricant de chocolat. Le rĂ©verbĂšre ayant Ă©tĂ© enlevĂ©, il ne reste que la branche de fer au-dessous de laquelle les Ă©meutiers ont traĂźnĂ© en hurlant les hommes qu’ils voulaient pendre. Le cri lugubre À la lanterne ! » date de ces exĂ©cutions sommaires. L’aimable mise en scĂšne de la gravure qui encense la lanterne comme symbole bĂ©nĂ©fique de la justice populaire expĂ©ditive va de pair avec le sinistre projet du Discours justifier dans un Ă©crit le lynchage par la populace. Le pamphlet enfile les apostrophes ironiques et brillantes en les justifiant a posteriori par un complot douteux et par l’efficacitĂ© de l’action. Desmoulins sympathise non seulement avec l’enthousiasme, mais aussi avec la violence et la cruautĂ© des foules parisiennes, et rend un abominable hommage Ă  leurs excĂšs. D’emblĂ©e l’épigraphe affiche son humour irrĂ©sistible le verset bien connu de l’Évangile selon Jean celui qui fait le mal hait la lumiĂšre » III, 20 – attribuĂ© par dĂ©rision Ă  saint Matthieu – est pourvu d’une traduction iconoclaste Les fripons ne veulent point de lanterne. » Brocarder la religion est dans l’air du temps, face Ă  la puissance lĂ©zardĂ©e de l’Église. BientĂŽt le peuple investira les anciens couvents et les Ă©glises dĂ©saffectĂ©es pour y crĂ©er des clubs et des sections de quartier. Le supplice de Foulon, d’aprĂšs Jean-Louis Prieur Le dessin de Prieur rĂ©vĂšle la rĂ©alitĂ© de l’évĂ©nement. S’il ne fait pas grand cas du supplice de Foulon montrĂ© de loin, la charge de colĂšre et de vengeance qui mĂšne l’immense foule exalte une libertĂ© sauvage, imprĂ©visible et dangereuse. Rares sont les Ɠuvres qui dĂ©crivent sur le vif les foules rĂ©volutionnaires et les formes ritualisĂ©es que s’approprie la justice populaire. Cette premiĂšre pendaison Ă  la lanterne a lieu place de GrĂšve, devant l’HĂŽtel de Ville, dans le cadre oĂč se sont dĂ©roulĂ©s pendant des siĂšcles les supplices prononcĂ©s par la justice royale. Ce passĂ© dramatique donne sens sous la RĂ©volution Ă  ce lieu d’oĂč partent, ou vers lequel convergent, les grands mouvements sacrificiels tendant Ă  signifier la suprĂ©matie de la masse contre les corps constituĂ©s et les lois. Le gĂ©nĂ©ral Dalton poursuivi par les rĂ©verbĂšres patriotiques Desmoulins lance, en novembre 1789, Les RĂ©volutions de France et de Brabant, journal qui doit rĂ©pandre les idĂ©es nouvelles au-delĂ  des frontiĂšres, dans le Brabant, LiĂšge et les pays Ă©trangers qui, Ă  l’exemple de la France, arborant la cocarde et demandant une assemblĂ©e nationale, mĂ©riteront d’occuper une place dans nos feuilles ». À cĂŽtĂ© du lion, emblĂšme du Brabant Ă  peu prĂšs la Belgique actuelle, le gĂ©nĂ©ral Richard Dalton 1715-1790, responsable de massacres, est poursuivi par les rĂ©verbĂšres patriotiques. L’idĂ©e de la suprĂ©matie de la justice populaire expĂ©ditive circule sous le symbole de la lanterne. Desmoulins en fait le leitmotiv de son journal, et ce sera bientĂŽt le plus rĂ©pandu des symboles rĂ©volutionnaires un rappel ironique, provocateur et menaçant de la vigilance du peuple. Louis XVI et Marie-Antoinette Ă  la lanterne AprĂšs la suspension du roi, le 10 aoĂ»t 1792, paraissent chez Villeneuve deux gravures qui montrent les tĂȘtes de Louis XVI et de Marie-Antoinette suspendues dans des lanternes. La guillotine fonctionne depuis le 25 avril 1792, mais si la pendaison n’a plus cours, le symbole de la lanterne signifie sans Ă©quivoque la condamnation Ă  mort pour les souverains. Cette suspension vaut bien une dĂ©chĂ©ance », ironise la gravure de Louis XVI ; celle de Marie-Antoinette la couvre d’insultes, l’assimilant Ă  Messaline et Ă  une MĂ©dicis dans des termes proches de son acte d’accusation 12 octobre 1793. Former l’esprit public ou flatter l’opinion ? En juillet 1789, le sentiment populaire est que le pouvoir politique doit voir clair, ĂȘtre vigilant, dĂ©masquer les traĂźtres et les punir. Desmoulins a su lui donner avec la lanterne un symbole qui correspond bien au rĂŽle nouveau que doit assumer la nation Ă  l’aube de la RĂ©volution. Brillant journaliste et pamphlĂ©taire, il est dĂ©sireux de fondre l’opinion hĂ©sitante en un esprit public. EspĂšre-t-il concilier la RĂ©volution du peuple, qui prend alors la forme d’à-coups sauvages, d’indiscipline et d’exĂ©cutions de rue, avec celle que la classe intellectuelle mĂšne selon les Ă©vidences de la raison ? Desmoulins, qui appellera Ă  la clĂ©mence en 1794, ne montre aucune pitiĂ© en 1789 mais flatte bassement ceux qui l’ont rendu cĂ©lĂšbre, sans peut-ĂȘtre en mesurer les consĂ©quences. Robespierre l’a dĂ©crit comme un composĂ© bizarre de vĂ©ritĂ©s et de mensonges, de politique et d’absurditĂ©s, de vues saines et de projets chimĂ©riques et particuliers ». Daniel ARASSE, La Guillotine et l’imaginaire de la Terreur, Paris, Flammarion, 1987. Jean-Paul BERTAUD, La Presse et le pouvoir de Louis XIII Ă  NapolĂ©on Ier, Paris, Perrin, 2000. Patrice GUENIFFEY, La Politique de la terreur. Essai sur la violence rĂ©volutionnaire, 1789-1939, Paris, Fayard, 2000. Luce-Marie ALBIGÈS, A la lanterne ! », Histoire par l'image [en ligne], consultĂ© le 23/08/2022. URL Albums liĂ©s DĂ©couvrez nos Ă©tudes Le don patriotique des femmes sous la RĂ©volution Le 7 septembre 1789, un groupe de onze femmes se prĂ©sente devant les membres de l’AssemblĂ©e nationale pour faire don Ă  la nation d’une cassette
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Dun point de vue plus thĂ©orique, ses livres La Guillotine et l’imaginaire de la Terreur et Le DĂ©tail rĂ©vĂšlent la marque du “photographique” dans des textes qu’il n’a pas directement consacrĂ©s Ă  ce mĂ©dium. En retour, l’importance du “pictural” – son domaine de prĂ©dilection – dans ses analyses de photographies sera Ă©galement soulignĂ©e, particuliĂšrement dans ses
LaGuillotine et l'imaginaire de la Terreur Pourquoi la guillotine est-elle abominable ? Et de quoi au juste a-t-on horreur ? Pour rĂ©pondre, Daniel Arasse interroge cette peur Ă  sa source, au moment oĂč, Ă  peine nĂ©e, la machine est plantĂ©e au cƓur d’une exploitation spectaculaire de ses pouvoirs d’épouvante : la Terreur. Les Lire la suite
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2 « Avec ma machine, je vous fais sauter la tĂȘte en un clin d’Ɠil » Selon Arasse, a posteriori, la trajectoire et la carriĂšre mĂ©dicale et sociale de Joseph-Ignace Guillotin s’exprime parfaitement dans une proposition formulĂ©e Ă  la fin de l’annĂ©e 1789 par « laquelle il lĂ©guera, malgrĂ© lui, son nom Ă  l’Histoire ».
Laguillotine et l'imaginaire de la Terreur / Daniel Arasse / Paris : Flammarion , DL 2010; La Signification figurative chez Titien : remarques de théorie / Daniel Arasse / Venezia : N. Pozza , 1976; Les ordres de la figuration / Daniel Arasse, Françoise Siguret, Marc-Eli Blanchard,[et al.] / Paris : Editions du Seuil , DL 1981
LaGuillotine et l'imaginaire de la Terreur de Arasse, Daniel sur ISBN 10 : 2082115305 - ISBN 13 : 9782082115308 - FLAMMARION - 1992 - Couverture souple
DanielArasse, La guillotine et l'imaginaire de la Terreur, Paris, Flammarion, 1987, 213 p. - Volume 44 Issue 1 - Volume 44 Issue 1 Skip to main content Accessibility help
LaGuillotine et l'imaginaire de la Terreur. Daniel Arasse . 4,7 sur 5 Ă©toiles 11. BrochĂ©. 13 offres Ă  partir de 11,00 € Next page. Description du produit . Biographie de l'auteur. Daniel Arasse (1944-2003) fut l'un des plus Ă©minents historien et thĂ©oricien de l'art. Il a Ă©tĂ© directeur d'Ă©tudes Ă  l'EHESS, aprĂšs avoir enseignĂ© l'histoire de l'art moderne (XVe-XIXe siĂšcle) Ă  l
DĂ©couvrezet achetez le livre La Guillotine et l'imaginaire de la terreur Ă©crit par Daniel Arasse chez Flammarion sur continuant d’utiliser notre site, vous acceptez que nous utilisions les cookies conformĂ©ment Ă  notre Politique sur les Cookies. DanielArasse : picturalitĂ© et photographique. Cette sĂ©ance clĂŽt le cycle de sĂ©minaires entamĂ© l'annĂ©e passĂ©e sur Daniel Arasse en lien avec le n°3 d'Images Revues. Elle sera consacrĂ©e au regard croisĂ© que l'historien de l'art a posĂ© sur les mĂ©diums pictural et photographique. Ayant consacrĂ© la majoritĂ© de ses Ă©crits Ă  la peinture, Daniel Arasse s'est
LƒIL. Le 1 fĂ©vrier 2004 - 483 mots. Daniel Arasse, historien de l’art, a Ă©tĂ© emportĂ© le 14 dĂ©cembre dernier par la maladie de Charcot. Les hommages, lĂ©gitimes, n’ont pas manquĂ©, jusque et y compris dans la grande presse. Cette cĂ©lĂ©bration est opportune, elle rend justice Ă  un intellectuel encore jeune et Ă  l’activitĂ© abondante,
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